1ère fois
Libellula avait 12 ans. Son corps changeait, mais elle ne s'en préoccupait pas. L'adolescence n'était qu'un mot à ses yeux. Elle n'en connaissait rien, et n'en était pas curieuse. La vie d'adulte lui paraissait tellement loin à cette époque. Elle continuait à lire, et à ne fréquenter quasi personne, occasionnellement sa voisine mais celle-ci avait tendance à l'ennuyer plus qu'à la divertir. Elle ne comprenait pas grand chose à ce qu'elle lui racontait. Les parents de Libellula avaient décrété qu'il n'y aurait jamais de télévision à la maison (ça tue la communication !), et Sardou, Brel, Goldman passaient en boucle à la radio écoutée par le paternel, et les magazines pour ado n'étaient pas de mise. Le journal de Mickey était amplement suffisant ! Autant dire que le monde extérieur à la maison familiale était totalement inconnu, et les sujets de conversation très limités avec tout camarade regardant télé et écoutant musique de jeunes...
Bref, même si Libellula se désintéressait de beaucoup de choses, il y en avaient d'autres qui étaient au contraire curieux de découvrir certaines choses de la vie. Notamment un demi-frère de 4 ans son aîné, adolescent peu sûr de lui et qui avait décrété que sa jeune soeur pouvait lui être d'un quelconque secours pour son éveil sexuel.
Un weekend qu'il passait chez son fournisseur-de-pension-alimentaire, qui sert à payer des fringues, chaussures et montres de marque quand ses demi-soeurs et frères s'habillent avec des reliques de la dernière guerre, les parents décidèrent d'aller s'occuper de ce qui les amusaient un peu plus que leurs enfants chéris. Ils eurent la décence d'emmener avec eux les 2 monstres qui occupaient le rôle de petits derniers dans la fratrie. Le samedi se passa à jouer sur un Amstrad et à se bagarrer à grand renforts de chatouilles et pincements dans les règles de l'art. Le samedi soir, après un repas sommaire, nos 3 larrons partirent se coucher, les 2 filles dans une même chambre, et la moitié de frangin dans une autre. quelques instants plus tard, le frangin toqua doucement à la porte des filles. La plus jeune dormant déjà à poings fermés, Libellula fit entrer son visiteur nocturne. Celui-ci lui dit qu'il n'arrivait pas à dormir, et lui demandait de venir dans sa chambre afin qu'ils puissent discuter si elle non plus n'avait pas sommeil. Libellula, tentée par la perspective d'une soirée prolongée, se leva. Arrivés dans la chambre, chacun prit possession d'un des lits superposés et ils entamèrent une discussion qui prit rapidement une drôle de tournure.
Le frangin se posait des questions sur la sexualité. Il avoua n'avoir jamais essayé, mais qu'il y avait certaines choses qui l'intriguaient. Libellula n'avait pas de réponse à lui apporté, étant donné sa grande ignorance de la chose. Sa mère lui avait bien acheté un livre traitant de la sexualité, d'une approche terriblement pragmatique et sommaire. En résumé, entre la découverte de la transformation du corps à l'adolescence, et la façon dont le papa entre son pénis dans le vagin de la mama pour faire un bébé, on avait vite fait le tour du sujet. Les questions de son frère ne paraissaient pas avoir de rapport avec ce qu'elle avait découvert dans ce fameux livre. Afin d'être plus explicite face à l'incompréhension qu'avouait la jeune fille, l'adolescent décida de la rejoindre dans son lit. Il y avait une chose en particulier qui l'intriguait, c'était le goût que pouvait bien avoir un sexe. C'était probablement un prétexte pour arriver à ses fins. Cela elle ne le saurait jamais. Il finit par convaincre sa jeune soeur, bien que réticente, de lui faire une fellation, mais celle-ci au bout de quelques secondes abandonna, écoeurée par le goût désagréable de la sucette en question. Le garçon tenta de lui rendre la pareille, mais Libellula, de plus en plus mal à l'aise, le repoussa et éclata d'un grand rire nerveux face à l'incongruité de la situation. Il retenta bien quelques caresses, mais à force d'être repoussé, il finit par retourner dans son lit, laissant Libellula désemparée par ce qu'il venait de se passer, elle avait conscience qu'elle avait fait quelque chose de mal. Elle en fut très honteuse, n'en parla jamais à son frère, ni à qui que ce soit. Elle aurait du dire non.
Malgré ce sentiment, elle ne put s'empêcher d'y repenser, souvent. Faire des rêves étranges, penser au sexe. Elle avait pris conscience que quelque chose avait changé chez elle, qu'elle n'était plus vraiment une enfant. Mais il n'y eut personne pour la mettre en garde et la rassurer. Elle avait peur tout en étant fascinée par ce monde inconnu. Et plus elle y pensait, plus elle se trouvait perverse, et plus elle comprenait ce regard réprobateur que ses parents portaient sur elle. Eux devaient savoir. Ils se taisaient mais avaient appris sa mauvaise conduite...