Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Quelques Bulles A La Surface De L'Eau

Quelques Bulles A La Surface De L'Eau
Publicité
Archives
Derniers commentaires
23 mars 2007

1ère fois

Libellula avait 12 ans. Son corps changeait, mais elle ne s'en préoccupait pas. L'adolescence n'était qu'un mot à ses yeux. Elle n'en connaissait rien, et n'en était pas curieuse. La vie d'adulte lui paraissait tellement loin à cette époque. Elle continuait à lire, et à ne fréquenter quasi personne, occasionnellement sa voisine mais celle-ci avait tendance à l'ennuyer plus qu'à la divertir. Elle ne comprenait pas grand chose à ce qu'elle lui racontait. Les parents de Libellula avaient décrété qu'il n'y aurait jamais de télévision à la maison (ça tue la communication !), et Sardou, Brel, Goldman passaient en boucle à la radio écoutée par le paternel, et les magazines pour ado n'étaient pas de mise. Le journal de Mickey était amplement suffisant ! Autant dire que le monde extérieur à la maison familiale était totalement inconnu, et les sujets de conversation très limités avec tout camarade regardant télé et écoutant musique de jeunes...

Bref, même si Libellula se désintéressait de beaucoup de choses, il y en avaient d'autres qui étaient au contraire curieux de découvrir certaines choses de la vie. Notamment un demi-frère de 4 ans son aîné, adolescent peu sûr de lui et qui avait décrété que sa jeune soeur pouvait lui être d'un quelconque secours pour son éveil sexuel.

Un weekend qu'il passait chez son fournisseur-de-pension-alimentaire, qui sert à payer des fringues, chaussures et montres de marque quand ses demi-soeurs et frères s'habillent avec des reliques de la dernière guerre, les parents décidèrent d'aller s'occuper de ce qui les amusaient un peu plus que leurs enfants chéris. Ils eurent la décence d'emmener avec eux les 2 monstres qui occupaient le rôle de petits derniers dans la fratrie. Le samedi se passa à jouer sur un Amstrad et à se bagarrer à grand renforts de chatouilles et pincements dans les règles de l'art. Le samedi soir, après un repas sommaire, nos 3 larrons partirent se coucher, les 2 filles dans une même chambre, et la moitié de frangin dans une autre. quelques instants plus tard, le frangin toqua doucement à la porte des filles. La plus jeune dormant déjà à poings fermés, Libellula fit entrer son visiteur nocturne. Celui-ci lui dit qu'il n'arrivait pas à dormir, et lui demandait de venir dans sa chambre afin qu'ils puissent discuter si elle non plus n'avait pas sommeil. Libellula, tentée par la perspective d'une soirée prolongée, se leva. Arrivés dans la chambre, chacun prit possession d'un des lits superposés et ils entamèrent une discussion qui prit rapidement une drôle de tournure.

Le frangin se posait des questions sur la sexualité. Il avoua n'avoir jamais essayé, mais qu'il y avait certaines choses qui l'intriguaient. Libellula n'avait pas de réponse à lui apporté, étant donné sa grande ignorance de la chose. Sa mère lui avait bien acheté un livre traitant de la sexualité, d'une approche terriblement pragmatique et sommaire. En résumé, entre la découverte de la transformation du corps à l'adolescence, et la façon dont le papa entre son pénis dans le vagin de la mama pour faire un bébé, on avait vite fait le tour du sujet. Les questions de son frère ne paraissaient pas avoir de rapport avec ce qu'elle avait découvert dans ce fameux livre. Afin d'être plus explicite face à l'incompréhension qu'avouait la jeune fille, l'adolescent décida de la rejoindre dans son lit. Il y avait une chose en particulier qui l'intriguait, c'était le goût que pouvait bien avoir un sexe. C'était probablement un prétexte pour arriver à ses fins. Cela elle ne le saurait jamais. Il finit par convaincre sa jeune soeur, bien que réticente, de lui faire une fellation, mais celle-ci au bout de quelques secondes abandonna, écoeurée par le goût désagréable de la sucette en question. Le garçon tenta de lui rendre la pareille, mais Libellula, de plus en plus mal à l'aise, le repoussa et éclata d'un grand rire nerveux face à l'incongruité de la situation. Il retenta bien quelques caresses, mais à force d'être repoussé, il finit par retourner dans son lit, laissant Libellula désemparée par ce qu'il venait de se passer, elle avait conscience qu'elle avait fait quelque chose de mal. Elle en fut très honteuse, n'en parla jamais à son frère, ni à qui que ce soit. Elle aurait du dire non.

Malgré ce sentiment, elle ne put s'empêcher d'y repenser, souvent. Faire des rêves étranges, penser au sexe. Elle avait pris conscience que quelque chose avait changé chez elle, qu'elle n'était plus vraiment une enfant. Mais il n'y eut personne pour la mettre en garde et la rassurer. Elle avait peur tout en étant fascinée par ce monde inconnu. Et plus elle y pensait, plus elle se trouvait perverse, et plus elle comprenait ce regard réprobateur que ses parents portaient sur elle. Eux devaient savoir. Ils se taisaient mais avaient appris sa mauvaise conduite...

Publicité
Publicité
22 mars 2007

Un peu de moi

Je suis, donc je pense. Tel est mon défaut principal. Penser à tout, intellectualiser sans arrêt. Chercher des réponses à tout, parce que rien d'après mon cher cerveau n'est inexplicable ou non motivé. Réfléchir à chaque parole, chaque geste avant de les lancer dans la réalité des gens qui vivent. Eviter de blesser et corrompre. Une plaie quotidienne, qui peut être louable quelquefois, mais qui bien souvent clôt ma bouche quand ma langue voudrait s'exprimer. Des non-dits en pagaille. Je me soigne pourtant...

Trente ans, toutes mes dents, un cerveau qui ne connaît de repos que sous anesthésie. Plein de choses à dire, et rien à raconter qui vaille vraiment le détour. Je suis heureuse de ma vie aujourd'hui malgré les démons qui guettent derrière la porte, à l'affût de la moindre faiblesse. J'ai un mari que j'adore, des amis que je chéris, une belle-famille dans laquelle je me sens intégrée et appréciée, un boulot dans lequel je commence à prendre mes marques, et je signe aujourd'hui le contrat de location de mon futur appartement. Emménagement en mai, nous allons enfin nous retrouver chez nous, depuis décembre nous vivons chez mes beaux-parents. Même si ça se passe très bien, je regrette énormément notre indépendance. Vivement le joli mois de mai!

21 mars 2007

Il était une fois...

... une fillette qui vivait en lointaine banlieue d'une grande ville française. Elle avait une allure de garçon, avec ses cheveux bruns très courts et ses épais sourcils noirs. Son air sérieux trompait tout le monde, même elle. Elle ne riait pas souvent, sauf quand on la chatouillait. Son calme en toute situation était déconcertant. Jamais un mot plus haut que l'autre, jamais de colère, de caprice. Pas d'explosion de joie non plus. Les évènements de la vie ne paraissaient avoir aucune prise sur elle. Certains vinrent même à se dire qu'elle se fichait de tout et qu'elle n'aimait personne.

La petite fille ne voyait pas tout cela. La vie suivait son cours, tout lui paraissait normal. Elle acceptait tous les heurts de la vie sans mettre en cause leur bien-fondé. Elle ne se posait pas de question, elle vivait tout simplement. Quelques choses la chagrinaient quelquefois. Mais elle les reléguait très vite loin dans sa tête et se plongeait dans quelque roman où son imagination étanchait sa soif de contrées lointaines, de princes et de princesses. De pays où chacun trouve le bonheur après avoir franchi les obstacles mis sur sa route par le destin. La fillette se disait que la vie était comme ça, elle envoyait des épreuves qu'elle devait surmonter afin d'accèder à une vie d'adulte comblée par la présence d'un mari-prince-charmant et d'enfants merveilleux, et l'accès à une bibliothèque sans fin. Oui, ce n'est pas parce que le vilain petit canard devient grand qu'il faut abandonner les bouquins salvateurs tout de même !

Toutes ces épreuves semblaient franchies avec succès.

  1. N'ennuie pas ta maman, elle est fatiguée : même si maman ne travaillait pas, elle n'avait pas trop de temps pour s'occuper de ses quatre bambins, donc la fillette faisait tout son possible pour qu'elle puisse se reposer. Elle passait la serpillère, l'aspirateur, faisait la poussière sur les bibelots, sur les meubles ouvragés (maudissant intérieurement celui qui a inventé les reliefs), apprenait à faire à manger (tant et si bien qu'elle rêva un temps de faire de la cuisine son métier), repassait... ok, elle n'était pas seule, fillette n°2, de 2 ans sa cadette, l'aidait dans toutes ses tâches... voire les faisait à sa place si notre héroïne avait un livre TRES IMPORTANT à terminer. Il y a certains moments où lâcher une lecture tient du domaine de l'impossible. Heureusement pour fillette n°2, cela n'arrivait pas souvent. Et elle portait son fardeau avec beaucoup de bonne volonté. Bon, mission n°1 remplie, les parents de nos fillettes devraient être comblés !
  2. Travaille bien à l'école, si tu faillis à ta mission, je te montrerai ce que je peux faire avec ça, dit le papa en désignant sa ceinture de cuir : en élève disciplinée et consciencieuse, elle ramena des carnets emplis de félicitations, chaque année elle faisait partie du trio de tête. Même sa paresse passa inaperçue, elle avait la chance d'avoir hérité d'une cervelle faite pour les études. Elle évita ainsi les coups de ceinturons et parvint même à gagner quelques centimes de francs pour ses excellentes notes. Elle gardait tout de même un sentiment d'incapacité assez fort, le challenge paternel étant de ramener des 21/20, et elle ne réussit jamais.
  3. Responsabilise toi : si sa maman faisait une crise de nerfs, c'était très certainement de sa faute. Elle avait commis une erreur, du genre oublier de surveiller ton petit frère et ta petite soeur (qui étaient de vrais démons il faut l'avouer), ou avoir oublié de mettre la table alors qu'elle était plongée dans un bouquin ultra-passionnant, ou n'avoir pas entendu qu'on lui posait une question, ou avoir une fois de plus son air de chien battu ! Mission accomplie également, le moindre changement de ton maternel ou paternel faisait naître un fort sentiment de culpabilité chez la fillette. Aptitude si bien développée qu'elle la garda même adulte.
  4. Isole toi : il fallait éviter toutes sorties non accompagnées vers ce monde dangereux emplis de malfaisants de toutes sortes, qui commençait juste derrière la clôture du jardin. Monde inconnu que la petite fille voulait découvrir, mais chaque fois qu'elle y mettait un pied, elle se sentait pris d'un fort et étrange malaise qui lui nouait le ventre. Elle évita donc régulièrement le danger, allant même jusqu'à ne pas fréquenter quasiment aucun autre enfant, les autres ne pouvant nourrir à son égard que de mauvaises intentions. Sa solitude la préservait.
  5. Dévoue toi : si les parents décidaient de consacrer un peu de leur précieux temps à un de leurs loisirs, et pour cela de partir un weekend entier, il était du devoir de la fillette d'assister sa grand-mère à s'occuper de ses frères et soeurs. Il ne fallait pas qu'ils commissent de bêtise, car la fillette en serait responsable. Ses escapades parentales furent un vrai bonheur pour la petite fille qui put profiter à loisir d'une grand-mère en or, faite d'amour, de générosité, de vaillance. Une grand-mère auprès de qui la souffrance n'existait pas, seule irradiait la chaleur d'un amour inconditionnel et immense.

La petite fille crédule et naïve (elle refusa longtemps de croire à la non-existence du Père Noël, et en voulut à sa mère qui soutenait cette thèse invraisemblable, et à sa voisine qui lui apprit que le père noël était en fait son propre père, un individu d'une beaufitude totale dont le jogging découvrait ses fesses pâles et molles lorsqu'il se penchait sur sa voiture) grandit tranquillement, franchissant inconsciemment les obstacles, très facilement tant elle était animée du désir de bien faire. Elle tenait à ne pas décevoir ses parents, surtout son père qu'elle avait mis sur un piédestal. Elle passait les années dans l'idée que ses parents étaient parfaits, malgré les faiblesses nerveuses de sa maman. Jusqu'à ses douze ans.

A douze ans, trois évènements indépendants les uns des autres la firent entrer en contact avec la réalité des adultes. La vie telle qu'elle était quand on enlevait le filtre de l'enfance. Elle perdit son innocence et sa confiance. Elle vit enfin le regard que l'on portait sur elle, et quelque chose en elle se brisa.

Cette petite fille, Libellula, atterrit dans un monde qui lui fit peur. Et cela ne faisait que commencer.

21 mars 2007

Il faut un début à tout

C'est toujours ça le plus difficile, commencer. De tout temps, avec tout le monde... amorcer une relation, oser faire le premier pas vers l'autre, se persuader qu'il ne mord pas. Rares sont les moments de spontanéité bénie qui me projette vers quelqu'un sans que je ressente cette peur de l'inconnu, l'appréhension d'être ridicule, inintéressante, rougissante, balbutiante.

Alors là, je flippe. Mes tripes sont nouées, mes mains moites. Je dois affronter le terrible dragon qui sommeille en ces lieux. Oser vous dire :

- bonjour! Enchantée de faire votre connaissance. Ma vie est tout ce qu'il y a d'ordinaire, entre joies et déceptions, rires et pleurs, rêves et réalité. Il me plairait de faire un bout de chemin avec vous.

Publicité
Publicité
Publicité